Tourniquet à la con.
La pluie est belle. La radio s'enclenche sur une chanson totalement inconnue. J'attends la fin en savourant pleinement la mélodie et en me rappelant des cours de musique trop agités. Les yeux humides. J'aimais bien regarder ses doigts courir furtivement sur le piano et sentir sa voix se poser délicatement au creux de mon oreille.
Elle chantait remarquablement bien. Je titube. La demoiselle assise à côté de moi recouvrait mon cahier de clefs de sol et de mots sans importance. C'était beau.
Et puis Muse. Cette magie invisible virevoltant dans ma chambre trop vide. Je ne sais pas ce que je fais. Je voudrais pouvoir effacer les cicatrices sur son poignet même si je ne la connais que depuis deux semaines. Triste vie. Elle s'en sortira seule. Comme Eux. On ne peux rien cacher sous cette veste à manches courtes.
Il tremble dans mes bras en laissant ses yeux faire un tour en arrière. Impuissante.
Il n'est pas parti. La porte va bientôt se refermer et je ne pourrai plus être dans ses bras. Même la voleuse va me manquer. Je suis montée sur un escabot et je sais qu'ils ne me feront pas tomber. Ne t'en va pas. Trois petits sourires promptement écrasés sur la fenêtre embuée. J'aime bien. Les feuilles volent et je la revois en train de cacher ses larmes sous son pull. Le tourbillon de la vie. Il y avait des bulles dans toute la pièce et la musique rendait cet instant magique. Reviens-vite.
Les souvenirs s'éparpillent sur la route et je ne peux plus en rire. J'ai besoin de toi.
Mes paupières se ferment et la sirène de l'ambulance se rapproche. Je suis tombée.
Et Elle aussi. Coma. Deux jours et une fin douloureuse.