Après ils ont rigolé.
Voilà, c'est fini. Ce soir les gens doivent être heureux. Ils ne me font pas rire mais je ne gâcherais pas tout. Promesse douloureuse. Je me tais et j'ouvre la boîte à souvenirs. Flash. Ils sont beaux. On fera semblant d'enregistrer ces belles images l'année prochaine. On effacera rien et on dira aux autres qu'on aurait pu goûter au bonheur. Les lumières du sapin reflètent vulgairement contre la vitre en me piquant les yeux. Non, je ne suis pas triste tonton. J'aime les sourires qui pleurent.
Ils se scotchent sur ma bouche sans prévenir et ne se déforment pas. Mon portable sonne mal. Je ne voulais pas qu'elle pense à moi. Effacée. Elle boit. Rien à foutre. Illusion. La petite fille ne s'est pas encore envolée. Elle est toujours cachée derrière l'objectif. Pas très loin. Elle reste assise devant le sapin en essayant de comprendre les grands qui disent que la vie est belle. Connerie. Elle en crève. Et lui aussi.
Elle écoute aussi les gens rirent de l'autre côté du rideau. Regarde, ta fille est en train de pleurer papa. Le chiffre trois c'est de la merde. J'aime pas Noël. Il est trop maladroit pour se dessiner un sourire seul alors je l'aide en passant un coup de rouge aux lèvres grossier sur ses fines lèvres. Rouge comme le clown. Un sourire qui s'étale même sur ses dents. Et du noir sous les yeux. Contraste. Il est drôle comme ça. Avec un peu d'imagination, on oublie le maquillage et on se dit que c'est le plus beau des sourires.