Reposez en paix monsieur.
On chantait devant les gens sans même se regarder. J'entendais sa voix un peu aiguë se mélanger à la mienne et on souriait à la gueule des gens en attendant notre bus. Assise en tailleur sur un trottoir un peu humide, je me voyais déjà partir. Je crois que j'étais sur le point de m'envoler. Avec ou sans Elle. Enfumée. Et si ce n'était pas Elle j'aurai sans doute posé ma tête sur son épaule pour partir en douceur. Excuse-moi.
Le regard d'une dame un peu enervée me donnait envie de chanter encore plus fort et plus faux surtout. Juste pour lui faire comprendre que j'avais besoin de me changer les idées. Shplok. Ce n'est pas de ta faute. Écoute putain.
"Il est comdamné". Cette phrase raisonne dans ma tête et me fait terriblement peur. Je n'ai pas eu le temps de le remercier pour tout ce qu'il a fait pour nous et surtout pour avoir retenu tant de fois le grand monsieur de partir. C'est comme si ils appuyaient sur sa tête pour se tenir hors de l'eau. Vous allez me manquer.
Il nous a sauvé de la noyade et là c'est lui qui coule. On ne peut rien faire à part espérer qu'il empruntera le bon chemin au moment de son envol. Il le mérite.
Alors reposez en paix monsieur. Si le paradis existe vraiment, il est pour vous.
A bout de souffle. Je vomie mes phrases. Elle n'a rien compris. Et puis c'était vraiment la dernière fille à qui je voulais parler. Ces gens là ne doivent pas savoir qui je suis.
"Je me suis ouverte les veines de la main gauche". Ça a giclé partout pauvre conne.
La chanson est finie, alors j'arrête aussi. Mais attends, je t'en supplie, avant de partir regarde encore une fois. Regarde mieux.